74,5 km – 3:43 – 20,4 km/h moyenne – 1614m D+
(vidéo en fin d’article)
Quel bonheur! Tel mon binôme l’année dernière, je viens de franchir mes premiers « vrais » cols alpins. Je repense alors à la phrase qu’il avait écrite dans son article et qui prend encore tout son sens ici: « Evidemment ça paraîtra banal pour ceux qui comptent leurs ascensions par centaine. Mais rappelez vous de la première fois… »
C’est donc fait! Ce sont les premiers mais certainement pas les derniers… En tout cas, je l’espère…
Résumons la situation. Je prépare ces ascensions depuis quelques mois déjà, sachant que nous partons en vacances aux Contamines-Montjoie où nous avons la chance d’avoir un petit pied à terre. Le cahier des charges est déjà très précis: pas plus de 80km (inexpérience du cyclisme en montagne oblige!), deux cols de 1ère ou 2ème catégorie.
Je jettes donc mon dévolu sur deux cols mythiques de par leur noms déjà: le Col des Aravis (1486m) et le Col de la Colombière (1618m). Rien que le fait de les voir sur la carte me fait vibrer. Le seul bémol (parce qu’il faut qu’il y en ait un) sera d’enchaîner les deux sur un vélo de location. En effet, ne pouvant emmener le mien, il me faudra le louer. Je prépare donc cela aussi à l’avance en réservant au magasin « Au Virage » au Contamines-Montjoie (où j’ai un petit peu mes habitudes) un SCOTT Foil R2 carbone. Il faudra composer avec un vélo dont je n’aurai pas l’habitude et pas forcément les mêmes réglages non plus. Enfin, à la guerre, comme à la guerre, dit le dicton!
Après quelques jours de pluie fine incessante, la météo prévoit du beau temps pour ce mardi 11 août, ma journée d’ascension. Etant en famille, je ne pouvais pas rester trop longtemps sur le vélo, car les vacances c’est aussi fait pour profiter de sa femme et de ses enfants.
Départ à 7h45. Le garmin me donne une arrivée au Reposoir, commune de Haute-Savoie où mon épouse vient me récupérer, dans 3h45. Cette heure d’arrivée a été calculée pour une vitesse moyenne de 20km/h qui me paraît honnête pour une première fois.
Je traverse donc le village des Contamines où le marché se met en place doucement, le temps est doux voire frais. Les manchettes sont de mise pour ne pas attraper froid car j’attaque par une longue descente d’environ 9km.
Pour information, le Scott Foil R2 est équipé en 50-34 à l’avant et 11-30 à l’arrière soit 3 dents de plus au maximum que mon Look. Normalement, je devrais pouvoir passer les cols sans trop de mal.
Je prends la D902 qui me descend à Saint-Gervais. La descente est fraîche surtout lors du passage des ruisseaux de montagne et je fais connaissance avec mon vélo. Passage des vitesses, freinage, etc… Histoire de ne pas avoir de surprise plus tard dans la matinée.
Je récupère ensuite la D909 qui m’emmène jusqu’au Demi-Quartier. Cette portion n’est qu’une montée régulière d’environ 6% de pente en moyenne. Je fais très attention d’avoir un rythme de pédalage et une fréquence cardiaque réguliers pour ne pas me « cramer ». Je mouline tranquillement jusqu’à Demi-Quartier et le rond-point au croisement de la D909 et de la D1212. Je profite du paysage, je pense à ce qui m’attend plus tard et j’essaye surtout de rester concentré.
Cela fonctionne bien car j’arrive à ce fameux croisement sans vraiment avoir rencontré de difficulté malgré les 7 kilomètres de montée.
Je sais qu’après c’est beaucoup plus calme… Le calme avant la tempête, comme on dit. Je m’engage alors sur la D1212 et puisqu’il est assez tôt, j’évite le gros du trafic pour accéder à Megève. J’avoue que cela m’enlève un poids car cette portion est particulièrement roulante niveau voiture!
Un petit SMS pour dire à ma femme que tout va bien et que je suis à Megève. Et oui, il faut que je la tienne au courant car elle doit venir me rechercher et je n’ai pas envie de la faire trop attendre au point de ralliement surtout qu’elle sera avec ma petite fille. Et nous savons tous que les enfants ne sont pas forcément très patients.
Prochaine étape, Flumet située 10 km plus loin. Flumet sera le départ de la montée du Col des Aravis, ma première grosse difficulté. Je mange une petite barre de céréale, bois un petit coup de boisson isotonique et je me dirige vers Flumet. Je double un cyclo que je retrouverai un peu plus loin.
La montée du Col des Aravis
J’arrive assez rapidement à Flumet où je m’arrête quelques instants pour retirer mes manchettes. Je ne veux pas avoir trop chaud pour grimper.
Point de situation. J’ai choisi d’attaquer le Col des Aravis par Flumet pas forcément par choix mais parce que je pouvais m’y rendre directement depuis mon lieu de villégiature.
Ce col peut se monter soit par Flumet soit par Thônes. Par Thônes, la grimpette se fait sur 18,9 km avec un pourcentage moyen de 4,58% (passage max à 8,6%) tandis que par Flumet, elle est longue de 11,7 km mais avec un pourcentage moyen de 4,92% (et des passages max à 7,9%).
La première borne m’indique 11km du sommet. Ca commence à grimper par du 5-6% régulièrement, je me place sur le 34-30 pour mouliner sachant que par la suite je pourrais redescendre d’un pignon au cas où. Seulement après quelques centaines de mètres, la route redescend. Je trouve cela bizarre à tel point que je me demande si je ne me suis pas trompé de route… Puis arrivé à la borne « 7km », ça recommence à monter. Et à partir de là, ce sera jusqu’au sommet.
Le paysage est magnifique, le soleil est là. Je passe le village de La Giettaz où il n’y a personne. Je me paye même le « luxe » de doubler un autre cyclo, sans aucune prétention bien évidemment. Mon cardio-fréquencemètre (acheté pour l’occasion, avec un test à la clé sur le blog!) m’indique 85% de ma FCmax. Et ce sera ma moyenne tout au long de la montée.
Bref, je suis sur la D909, je viens de passer La Giettaz et c’est là que ça commence à causer. La pente augmente doucement mais très régulièrement ce qui est agréable. Les lacets sont magnifiques et offrent une vue imprenable sur Flumet et Saint-Nicolas-La-Chapelle, je m’arrête quelques secondes pour prendre une photo, tellement c’est magnifique…
Je repars, enchaine les lacets, égrène les bornes indiquant « Col des Aravis … Km … % ». Je me sens bien, le 34-30 fait son office et les jambes sont bonnes. Le seul hic, c’est la selle. Trop dure, elle me gène un peu. Mais ce n’est que bien peu de chose par rapport à l’euphorie de monter son premier col.
Je me fais doubler par deux dames équipées de vélo à assistance électrique. L’une d’elle s’excuse même de « tricher » puis je me fais rejoindre à 1km du sommet par un autre cyclo qui engagera la conversation à propos de ma caméra fixée sur mon guidon. Et oui, c’est fun de pouvoir se repasser le film après. Il me lâchera car je ne veux pas appliquer un rythme trop élevé. Il me reste un col, et le plus dur des deux alors bon, il faut s’avoir s’économiser.
700m, 600m… J’arrive au sommet avec le panneau. Quelle joie! je pause le vélo, fais un petit selfie pour immortaliser l’instant. Puis je visite la chapelle située au sommet. C’est magnifique. Le Col des Aravis est un col encaissé entre deux autre sommet, le soleil tape fort. Allez hop, une petite compote de fruit et on repart direction La Clusaz.
A partir de maintenant, c’est de la descente! Parce que c’est ça aussi, les ascensions. On monte mais forcément à un moment, on descend. Je reste sur la D909 en direction de La Clusaz. Du haut, on voit les lacets puis le village. Je prends la descente en sécurité malgré la circulation et les cyclos qui me doublent comme des dingues.
Halte sur les hauteurs de La Clusaz pour une petite vidéo puis je repars. Ca descend de plus belle jusqu’à Saint-Jean-De-Sixt où je bifurque à droite sur la D4 en direction du Grand Bornand.
Et maintenant, le Col de la Colombière...
Là encore, le maître mot est « descente ». Puis à peine entré dans la ville, le GPS me fait tourner à gauche pour attaquer l’ascension. Une marque au sol indique même « Départ ». Je regarde l’heure et hop c’est parti.
Le Col de la Colombière mérite un petit topo. Classé en 1ère catégorie, il culmine à 1613m et a été franchi en tête par Richard Virenque en 1997. Pour ce qui est des versants, voici un détail.
Le versant Nord-Est par Scionzier est le plus dur avec un pourcentage moyen de 6,8% et des passages max de 10,2% pour une distance de 16,3km.
Je grimperai ce col par le versant Sud-Ouest via Le Grand-Bornand qui présente un pourcentage moyen de 5,9% et des passages max à 9%. La distance est également moins longue: 11,7km.
Lors de l’attaque de la montée, je suis un cyclo plus âgé qui monte très bien. Souvent en danseuse, il emmène du gros braquet tandis que moi je suis toujours sur mon 34-30 qui me va bien. Je le suis tranquillement pendant environ un kilomètres avant qu’il ne me lâche. Je ne le verrais plus de la montée…
La route est composée de longues portions droites enchaînées par de larges épingles. Le GPS indique que les 3 premiers kilomètres tournent autour des 6% de moyenne. Aucune portion à l’ombre, le soleil cogne fort et je pense à m’hydrater souvent. La fréquence cardiaque est bonne puisque que je suis toujours aux alentours de 85% de ma FCmax. Les jambes tournent bien.
Je profite du paysage, prends quelques photos et vidéos avec la Sony. Ca replate un peu à l’arrivée du Chinaillon, je reprends mon souffle, mange un morceau avant d’attaquer les derniers kilomètres d’ascension. Ca grimpe toujours aux alentours de 6% en moyenne avec des passages à 8%.
Mais arrivé à 2km du sommet, je suis obligé de m’arrêté sur une aire de stationnement. Ma bouche est très sèche et j’ai l’impression d’avoir les premier symptômes de la déshydratation malgré le fait que je boive très régulièrement. Je me mouille la tête avec de l’eau et bois une plus grosse quantité pour me réhydrater. J’admire la vue sur la chaîne des Aravis, qui est magnifique.
Je repars. Les deux derniers kilomètres sont les plus durs et à ce moment, j’ai un peu de mal. En montant, on a une impressionnante vue sur les lacets avec les voitures qui montent et descendent du col. La pente se durcit aux alentours de 8% de moyenne. Je monte, je monte, la FC est toujours bonne. Je double un cyclo dans le dernier lacets avant d’attaquer les 400 derniers mètres indiqués à plus de 9%. Je double des randonneurs qui ne devraient pas avoir de mal à me doubler s’ils accéléraient un peu…
Et… J’arrive au sommet. Allez, une photo du panneau, visite de la chapelle, une petite vidéo du panorama. Je mange une barre chocolatée et me désaltère bien. J’entame la discussion avec un cyclo qui vient d’arriver de l’autre versant et qui attend son collègue. Il roule sur le même Look que moi et m’annonce que ce vélo est vraiment fait pour la montagne… Ce qui me donne encore plus envie de revenir avec mon propre vélo.
On discute un peu et puis il est l’heure de redescendre sur Le Reposoir où m’attendent ma femme et ma fille, qui sont déjà arrivées.
Le début de la descente est assez dangereuse car le ravin à droite est à pic et aucune sécurité ne pourrait venir entraver une chute. Je descend donc « secure » sur cette portion avant d’attaquer un peu plus lorsque la configuration me le permet… La descente est belle mais la route moins, ça vibre un peu dans tous les sens. Je prends de belles courbes, c’est une sensation très agréable.
Du haut, pratiquement arrivé au village du Reposoir, j’aperçois notre voiture garée sur le parking de l’église.
Et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, j’arrive sur mon point d’arrivée. Le soleil tape, je suis fatigué mais heureux. Quel bonheur de grimper des cols mythiques.
A retenir…
- toujours avoir un temps d’échauffement avant d’attaquer la première montée
- il est très difficile de boire dans les grandes ascensions. Cela m’a beaucoup essoufflé…
- le braquet 34-30 est indispensable pour pouvoir grimper un peu partout.
Tracé du parcours
Gérard
Bravo ! Quel régal ça a du être et quels souvenirs ça va te laisser que ces premiers cols. belle gestion de l’effort. ça doit déjà te donner envie de recommencer et d’en faire plus 🙂
Tu as l’avantage de la jeunesse pour toi, d’autres occasions se présenteront .
tu t’es renseigné à la sncf pour expédier ton vélo (sous housse ou carton) ?
FG
Merci Gérard. J’avoue que je me suis régalé même si j’ai ramassé sur le deuxième col où j’ai tout de même réussi à gérer 🙂 En effet, ça donne envie d’en faire encore plus et de profiter de nos belles régions montagneuses…
On s’est renseigné avec François sur les tarifs de la SNCF mais on n’a pas approfondi le sujet encore. Il faut que je regarde ça de plus près 😉
Dis moi, on essaye de se donner RDV pour une rando val d’oisienne prochainement? Je ne sais pas trop qu’elle est la prochaine. On se tient au courant si tu le souhaites.
Bonne soirée 😉
Gérard
les prochaines rando que je fais sont, le 30 août Cormeilles, mais avec un départ possible de Mery (celui que j’envisage), le 6 sept, Domont, le 13 Auvers et le27 Mours
Mais bon , on ne roule vraiment pas à la même vitesse et à part se voir sur un ravito…
FG
Merci pour ces précision Gérard 🙂 Je vais peut-être m’engager sur celle de Cormeilles le 30 août. Pas de soucis pour la vitesse, on pourrait faire un bout de chemin ensemble, ça me ferait plaisir 🙂
Enfin, on peut se caler ça par mail si tu le souhaite.
Bonne journée.
Eric
ben voila c’est fait ! même quand on les compte par centaines on se souviens de tous, même du premier !bon certes on garde les plus beaux et les plus durs…en tout cas je ne les ai pas ceux-là ! bravo, je confirme le 34×30 c’est génial, je ne peux plus m’en passer
FG
Merci beaucoup Eric 🙂 Disons que pour certains cyclos grimper des cols peut devenir « banal » (ce que je dis n’est absolument pas péjoratif). Mais je sais également que les cyclos passionnés se souviennent de la plupart de leurs ascensions et ça, c’est génial.
Les Aravis et la Colombière ne sont pas forcément très difficiles en tout cas dans le sens où je les ai montés. La colombière, par exemple, peut se grimper par Le Reposoir et c’est un peu plus long et dur que moi… Enfin, ce sera pour la prochaine fois LOL
Je pense que je vais m’acheter un dérailleur à chape longue pour passer une cassette de 11-30… à changer quand je partirai en montagne car mon 12-27 suffit largement par chez nous 😉
cestdurlevelo
Yesssss bravo FG ! Enorme ! Photos fantastiques, et… souvenirs impérissables, comme tu le dis 🙂
Surtout que t’as pas commencé par les cols les plus faciles… et en enchainer deux c’est jamais bien facile. Mais tu t’en es sorti les doigts dans le nez… on sent quand même l’expérience des ‘vieux briscards’, tu n’as rien oublié, manger avant et pendant, bien boire, rouler sur du plat un peu pour t’échauffer, etc… BREF. Y’a plus qu’à revenir et aller tater des autres cols du coin, surtout si tu as un pied à terre dans la région 🙂
FG
Merci Baptiste. Les souvenirs vont être impérissables c’est certain d’autant plus que j’ai pris un pied d’enfer. 🙂
Honnêtement, j’ai quand même ramassé sur la deuxième ascension mais comme j’étais motivé à bloc, ça c’est bien passé.
L’expérience lors des montées, je l’ai acquise virtuellement grâce à toi et aux autres montagnards (Franco, Eric, Idris, etc…) en vous lisant. J’en ai tiré quelques informations qui me paraissaient importantes pour grimper les cols en montagne et ça a été bénéfique. Donc merci à vous pour tous vos tuyaux 🙂
C’est clair que j’ai vraiment envie de revenir grimper quelques trucs par là-bas et pourquoi bien une Barillette ou une Faucille 😉
Alex
Bravo pour ce 1er enchainement de cols 😉
Je n’ai que la colombiere (meme face que toi, mais commencée depuis Annecy), j’avais prévu l’enchainement Aravis, Croix Fry, mais la fatigue des jours précédents (naissance du 2ème – c’était il y a 4 ans) m’avait fait faire que le premier. D’ailleurs, je l’avais trouvé bien roulant 🙂
Le problème, c’est que les ascensions de cols peuvent devenir une drogue ^ ^
FG
Merci beaucoup Alex 🙂
J’avais prévu au départ de faire un parcours St Gervais – Megève – Aravis – Thônes – Croix Fry – Annecy (avec une boucle au milieu) mais je ne voulais pas présumé de ma forme pour cette première fois alors j’ai fait ce parcours alternatif.
C’est vrai que ce sont deux cols roulant avec des pourcentages réguliers. Je trouve qu’il n’y a pas de grosse difficulté (passage à gros pourcentage par exemple!)
Je pense que je suis déjà addict des grands cols LOL 🙂