Nous allons bientôt attaquer la saison automnale et après avoir roulé sur de belles routes ensoleillées durant le printemps et l’été, il va falloir s’attaquer à la remise en condition de son matériel.
Pourquoi « remise en condition »?
Pendant le printemps et l’été, c’est bien connu, il fait chaud… Enfin, normalement, il fait beau ET chaud. Le temps devient plus sec, les pollens apparaissent, la terre s’assèche, etc… Ces particules de poussière se déplacent avec le vent et s’incrustent un peu partout sur nos vélos : roulement de pédalier, moyeux, étriers de freins, etc… Le résultat peut-être extrêmement radical si jamais les roulements (principalement) ne sont pas nettoyés avant l’entrée dans la saison dite « plus humide ».
Si les roulements se grippent, on est bon pour un changement, ce qui engendre frais et immobilisation du vélo. Pas grave en soit, me direz-vous. Certes, mais comme le dit l’adage : « Mieux vaut prévenir, que guérir ».
Remarque importante avant la poursuite de la lecture
Le « tutoriel » que nous mettons à votre disposition aujourd’hui n’est pas universel.
En effet, il s’agit ici du démontage, nettoyage et remontage de pédalier Shimano type Hollowtech II. Autrement dit avec axe de pédalier intégré à la manivelle droite.
Si le vélo présent sur les photos est équipé en Shimano Ultegra, la méthode est valable pour les modèles 105 et Dura-Ace également.
Attention également, pour ceux qui, éventuellement, ne se sentent pas d’attaque pour le faire, portez votre vélo chez votre vélociste et laissez le faire.
Même si la manipulation n’est pas difficile, mieux vaut ne pas tenter le diable…
1. Les Outils :
Bien évidemment, pour faire de la mécanique vélo, il faut un minimum d’outil. Certaines enseignes de la Grande Distribution sportive vendent des mallettes plus ou moins complètes. Mieux vaut s’abstenir de prendre le premier prix, toujours source de désagréments.
Pour ma part, je possède une mallette achetée dans un magasin bien connu assez complète avec les outils suivant :
– Clé à molette
– Tournevis plat et cruciforme
– Clé à cônes (pour les moyeux)
– Clé à rayons
– Clés allen de 2/2,5/3/4/5/6mm
– Clé allen de 8mm
– Fouet à chaîne (pour le changement de la cassette)
– Démonte-cassette Shimano
– Extracteur de manivelles
Il s’agit donc là des outils généraux. Nous allons voir les outils et produits spécifiques pour le boitier de pédalier (Shimano, je le rappelle).
Sur la photo, vous pouvez distinguer :
– 1 clé allen de 5mm
– 1 pinceau
– 1 brosse à dent (usagée de préférence !!)
– 1 tube de graisse au téflon
– du dégrippant (la marque WD est à mon sens la meilleure)
– 1 clé à boitier de pédalier spéciale Shimano
Voici pour le matériel nécessaire, passons aux choses sérieuses…
2. Le démontage du boitier de pédalier :
A. Généralités :
Comme je pense que le démontage n’a pas été effectué depuis longtemps (mais je peux me tromper !), le premier temps de la manipulation va être de juger de la force à mettre pour débloquer le boitier.
Je commence toujours par le côté gauche (sans les plateaux, donc) pour me faire la main.
Bien évidemment, il y a un sens pour le dévissage et le vissage mais celui-ci dépend du type de pas de vis choisi par le fabricant. Il en existe deux types :
– Le pas Italien : le sens de vissage est le sens standard (donc pour visser, on tourne dans le sens horaire). Le léger désavantage réside dans le fait qu’il y un risque de léger desserrage… Mais attention rien de grave.
– Le pas Anglais : deux éléments, deux sens de serrage. Le sens de vissage est inversé du côté pédalier (donc on visse dans le sens inverse des aiguilles d’une montre) et normal du côté gauche (manivelle seule). Avantage : aucun risque de desserrage en cours de route.
Pour reconnaître le type de pas, normalement, tout est noté sous le boitier de pédalier ou sur la notice du fabricant.
Pas de panique, de toute manière, le sens de serrage est indiqué sur le boitier de pédalier. Dans le cas de l’exemple présent, sur un boitier Shimano Hollowtech II, il est mentionné « Tighten » avec un flèche, cela représente le sens de serrage. De plus, la lettre « L » (Left = gauche) et « R » (Right = droit) est mentionnée sur la pièce pour ne pas se tromper… Bref, rien de compliquer si on fait attention.
B. Application :
Avant toutes choses, il faut enlever le pédalier. Pour cela rien de plus simple. Munissez-vous de votre clé allen de 5mm et dévissez légèrement les deux vis qui se situent sur la manivelle gauche au niveau de l’axe. Puis ôtez le cache en plastique noir à l’aide de la pièce vendue avec la clé pour boitier de pédalier et dévissez complètement les vis. Enlevez la manivelle gauche en tirant dessus.
Passez de l’autre côté du vélo et tirez l’ensemble manivelle droite + plateaux. Tout étant solidaire, la pièce sort en un seul tenant.
Voyons le boitier en lui-même…
Donc, comme je le disais, il faut voir la résistance du boitier. On place donc la clé spéciale et on commence à essayer de dévisser (sens opposé à la flèche indiquée !!). Il faut quand même forcer un peu mais si jamais, vous devenez tout rouge et que rien ne bouge alors on stoppe.
La meilleure technique réside dans la saturation de la zone avec du WD40 en veillant à ne pas trop en mettre dans le roulement. On essaye de bien viser la jointure entre le cadre et le boitier. Et on laisse agir… Pas de recette miracle, ni de temps optimal, à vous de jugez et de réessayer de dévisser, jusqu’à cela vienne.
Si après avoir utilisé trois bombes de WD40, ca ne vient toujours pas, je vous conseille d’aller faire un tour chez un mécanicien cycle.
Si jamais cela se passe bien, alors dévissez complètement. Surprise, il y a de grandes chances que la pièce soit sale voir très sale (CF photo) avec une sorte de « mayonnaise » blanche, faite d’un mélange de saleté, d’eau et de graisse.
On procèdera de la même manière pour le côté pédalier (dévissage dans le sens inverse de la flèche indiquée !!) en faisant attention car en enlevant la pièce une sorte de tube en plastique y est accroché (voir photo).
Si vous regardez dans le tube du cadre, il y a de fortes chances que vous y trouviez beaucoup de saletés…
Maintenant que tout est démonté, on passe au nettoyage (ou plutôt décrassage).
3. Nettoyage :
Pour nettoyer, pas de secret. Un chiffon, un bon produit, les bons outils et un peu d’huile de coude… Et un soupçon de patience.
On procèdera avec ordre et méthode. Une pièce après l’autre.
Pour les parties externes du boitier, on prendra la brosse à dent imbibée d’un peu de WD 40 ou de dégraissant en veillant toujours à éviter de le faire pénétrer dans le roulement. Et on frotte, ça part facile et ça brille vite, mais prenez le temps de le faire consciencieusement. Ensuite essuyez le tout avec un chiffon sec pour enlever la totalité de la crasse et du dégraissant.
Pour le tube en plastique, on pourra procéder de même avec la brosse à dents ou le pinceau, à votre convenance.
Une fois ces trois pièces nettoyées, passons au cadre…
« Même joueur joue encore », comme on entendait dans les salles d’arcades des années 90.
Dégrippant ou dégraissant, brosse à dents et on frotte fort sur les pas de vis. On aura bien évidemment pris soin d’enlever le plus gros de la saleté dans tout le tube avec un chiffon, ca sera plus facile pour la suite.
Une fois que tout est rutilant, on essuie au chiffon sec.
Et le remontage, alors ?…
4. Le remontageC’est vraiment le moins compliqué, il suffit juste d’aller dans l’ordre inverse du démontage.
Déjà, prenez toutes les pièces possédant un pas de vis et graisser-les avec de la graisse au téflon (que je préfère car elle a une résistance à l’humidité supérieure aux autres graisses) ou avec une graisse standard achetée chez votre enseigne préférée (ceci dit en passant, je ferai un petit article sur le test du dégraissant de la marque D***T**ON, qui est extraordinaire).
Ensuite revissez les pièces, entre prenant soin vérifier si c’est la pièce droite ou gauche. Même sur le tube en plastique, c’est indiqué, vous ne pouvez pas vous tromper.Pour le serrage, on préconise un serrage au couple mais si vous n’avez pas de clé dynamométrique (comme moi !!) pas de soucis. A cet endroit, le carbone du cadre est doublé par du métal, donc n’ayez pas peur de serrer, sans non plus aller dans l’excès. Modération, Modération…
5. Conclusion :
Félicitation, vous venez de démonter, nettoyer et remonter votre boitier de pédalier. Ce n’était pas compliqué, n’est-ce-pas ?
Cette manipulation est à faire au minimum deux fois dans l’année : à la sortie de l’hiver et à lentrée dans l’hiver, soit vers le mois de Mars-Avril et le mois d’Octobre. Mais la fréquence dépend des endroits où vous roulez le plus. Si c’est humide, faites-le trois ou quatre fois dans l’année.
Je vous conseille, si vous commencez à faire votre entretien seul, de tenir un carnet d’entretien à jour. Pour ceux qui le souhaitent, ce thème pourra faire l’objet d’un article sur notre blog.
A très bientôt.
Eric
super article, j’ai appris plein de choses, merci ! je vais le mettre en lien dans mon article entretien vélo, bravo les gars
FG
Salut Eric. Merci pour le lien 🙂 Pour info, on est en train de monter une version vidéo de ce tutoriel Boitier de Pédalier 😉
Bonne semaine à toi M’sieur le retraité 🙂 hahahaha